Le château de Légugnon

Le château de Légugnon à Oloron-Sainte-Marie (Pyrénées-Atlantiques, France) © Peter Potrowl

La famille de Perer

La famille de Perer dont l’origine doit être recherchée dans la bourgeoisie oloronaise a des caractères nouveaux, sa réussite est liée aux institutions qui se sont mises en place dés le début du règne d’ Henri II d’Albret (1503-1555).

Johanicot de Perer est l’abbé laïque de Legugnon jurat d’ Oloron en 1514. Son héritier Guilhem de Perer épouse Jeanne de Béarn, fille de Roger de Béarn et de Gratianne de Salies, fondateurs de la branche des Béarn-Salies. Ils ont 2 enfants Jacques et Catherine. Le fils incapable ou débile, c’est leur fille qui est l’héritière. Elle se marie avec Bertrand de Poeyland, baron de Hinx dans la sénéchaussée des Landes. Seigneur landais, Bertrand de Poeyland, l’époux de Catherine, se désintéresse de l’héritage des Perer. Leur fils aîné et héritier fit de même.

C’est ainsi que l’abadie de Légugnon est vendue après quelques vicissitudes pour 10 000 francs « borlés » en 1552 à Anchot de Mesples et sa mère (dite la demoiselle de Légugnon). Le fils aîné d’Anchot, Guicharnaud de Mesples, seigneur d’Aren est également abbé laïque de Légugnon en 1585.

Arnaud de Planterose, conseiller du roi, trésorier général ancien de la maison couronne et finances de Navarre est abbé lai de Légugnon.

Son fils cadet François de Planterose (son frère noble Jean de Planterose est abbé de Légugnon en 1700) vend en 1707 au seigneur Louis de Mirande, avocat à Oloron, la seigneurie et l’abbaye laïque de Légugnon. Le fils aîné de celui-ci, Pierre de Mirande, seigneur et abbé laïque de Légugnon, meurt en 1761 et c’est son frère Joseph qui hérite de la propriété. Il lègue en 1764 le titre et l’abbaye à son neveu, le seigneur Joseph de Lamouroux de Sainte-Marie, avocat.

Au début du 19e siècle le château est la propriété de Jean-Baptiste Rivares, natif d’Orin, marchand à Cadix en 1800 et maire de la commune jusqu’à son décès en 1839. Son fils et son épouse Adelaïde Crouseilles décèdent en 1936, son petit fils Jean-Louis Auguste hérite du château, il est élevé par sa tante célibataire Marie Marguerite Claire Crouseilles qui hérite du domaine.

À son décès en 1906, elle lègue à son petit neveu le docteur Paul Foix le château et les dépendances.

Le docteur Foix vend le 26 octobre 1929 le château à M. Malherbe, ainsi que le terrain pour la construction des maisons ouvrières de l’avenue du 14 juillet, pour la somme de 90 000 francs anciens.

Il est revendu le 25 octobre 2002 pour la somme de 160 000 euros à la SARL Chandler, qui réhabilite le château et les dépendances et transforme le tout en logements locatifs.

Le 23 septembre 2004, la SARL Chandler fait une cession gratuite du pigeonnier à la ville d’Oloron-Sainte-Marie.

 

Le château

Le château à été construit sans doute au début du 16e siècle par la famille de Perer à proximité de l’église Saint-Pierre dont l’emplacement et le souvenir ont aujourd’hui disparu.

C’était une maison à étage, au deuxième étage se trouvait la chambre dite de « Jeanne d’Albret » reine de Navarre de 1555 à 1572 et mère du roi de France Henri IV, qui y aurait selon la tradition séjourné quelques jours, au moment des guerres de religion et ce pour se rendre à Orthez depuis Pau et éviter les voies fréquentées.

La famille de Planterose qui la posséda ainsi que la seigneurie durant plus d’un siècle dut achever de lui donner son aspect actuel.

De la route, une allée longe le mur sud de la chapelle. Une grille au décor d’ondes s’appuie sur quatre piliers, ceux du milieu étant à refends et boules, et ferme une étroite cour. Le corps de logis prolonge la chapelle et s’ouvre vers le Sud.

Une façade relativement étroite superpose quatre niveaux de baies en deux travées disposées de part et d’autre d’une tourelle de plan carré en forte saillie au centre de la façade, plus haute de deux niveaux et percée uniquement au dernier, les fenêtres ont des encadrements soignés avec corniches saillantes. Des lucarnes à la capucine prolongent encore la verticalité.

À l’Ouest, une travée supplémentaire comporte une demi croisée et une toiture en pavillon. La porte s’ouvre au pied de la tourelle à l’Est, le reste de la cour est fermé par de vastes communs à grandes portes charretières, le rez de chaussée du corps de logis n’est qu’à usages domestiques.

Au Nord vers le jardin, la façade est précédée d’une petite terrasse, à l’étage, à laquelle on accède par un vaste escalier à rampes convergentes qui se terminent à l’Est par des masques frustes. Deux travées à chaque extrémité laissent au centre un large espace vide correspondant à la tourelle d’escalier de la cour. Il semble qu’il y avait là jusqu’au siècle dernier un pavillon bas couvert d’un dôme.

L’escalier de la tourelle est en bois avec rampe en épingle à cheveux. Au deuxième étage , une des pièces est dite « chambre de Jeanne d’Albret » , avec une vaste alcôve à encadrement en bois. Des cheminées à manteau de bois sculpté sont surmontées de motif divers en stuc dans plusieurs pièces.

À l’extrémité Nord-Ouest de la façade Ouest, une petite porte au rez de chaussée sur la cour ouvrait sur un cachot dans lequel on ne pouvait se tenir debout.

À l’Est se trouve une tour circulaire bâtie au début du XVI siècle qui était à toit plat avec lanternon et qui a été transformée plus tard en pigeonnier, elle avait un rôle défensif, attesté par les meurtrières encore visibles, tout particulièrement au rez-de chaussée et dans la partie supérieure.

Une seconde tour ronde flanquait encore en 1933 le mur de clôture au Nord du château, elle a été depuis détruite pour élargir la route au niveau du virage de la voie communale 19, face à la dépendance Nord.

Sur la carte de Roussel Claude datée de 1718, il existait déjà une allée cavalière bordée d’arbres sur les deux côtés (en partie encore visible de nos jours). Cette allée longue de plus de 200 mètres menait de l’entrée Sud du château à un petit bois et à un chemin de traverse allant au gave.